Ceci est le journal intime de l’oeuvre présentée : un portrait de touareg. C’est elle qui parle, avec ses mots, pour raconter son histoire.
Un portrait de touareg, un vrai.
Lorsqu’une dame a suggéré la réalisation d’un « portrait de touareg avec un beau regard » à ma dessinatrice, celle-ci s’est dit « pourquoi pas ? Voilà qui me changera des plumes et des poils ! ». Elle s’est alors penchée sur ce qui se faisait en la matière. Des yeux bleus encadrés de tissu bleu. Voyant cela, elle a pris conscience qu’elle ne souhaitait pas dessiner ce que tout le monde dessine, ce que tout le monde a toujours dessiné.
Ces yeux bleus perdus dans du bleu, ils n’avaient pas d’âme.
Qu’à cela ne tienne, ma dessinatrice à poursuivi ses recherches. Et là, dans la foultitude des photos clichées, elle a trouvé des yeux sombres et doux, un sourire bienveillant et une expression sereine. Touchant et accessible, le visage d’un homme qu’on souhaiterait rencontrer. Elle en a fait mon visage.
Son portrait de touareg ferait honneur à l’homme du désert qui fut photographié. Pour boire un thé à la menthe en sa compagnie, elle braverait les sables du Sahara. Cet homme et son expression de bonheur énigmatique l’ont happée. Encore un qui semble avoir compris des choses qui échappent aux autres ! Alors elle a couché les pigments sur le papier, de mes yeux à mon nez, puis à mon sourire, pour finir par cette étoffe bleue qui m’enveloppe avec une puissance tranquille.
Par coquetterie, elle m’a peaufiné numériquement, accentuant le bleu pour faire ressortir mon visage.
Comble de l’histoire, la dame qui avait (sans l’assumer) demandé un portrait de touareg voulait, en fait, un regard bleu entouré de tissu bleu. Tant pis, madame, ma dessinatrice et moi me préférons tel que je suis.