Ceci est le journal intime de l’oeuvre présentée : la collection des dessins des Oiseaux du Monde. C’est elle qui parle, avec ses mots, pour raconter son histoire.
Jour 1 - L'oiseau du jardin.
Me voici à l’instant de ma naissance. Paré de blanc, d’orange et de brun, je vois le jour et entre dans la ronde, modeste oiseau de jardin parmi tous les oiseaux du monde.
Je nais Rouge-Gorge, hôte bien aimé des bosquets familiers. Ma mère m’a fait avec douceur, redécouvrant avec moi ses crayons de couleur. De ses habitudes minutieuses, elle a forcé son caractère et m’a fait grand, offrant à ma timide allure une tribune altière.
Mais, alors qu’elle m’observe, un doute m’assaille. Dans son regard, je le vois, je suis trop terne, je la déçois.
Jour 2 - L'oiseau de l'eau.
Ma mère m’offre une nouvelle couleur, celle du ciel qui se reflète dans l’eau. Le bleu éclate sur la feuille grise et je deviens Martin Pécheur, éclair vif qui ne se laisse que rarement observé.
Je grandis donc, et malgré la déception du premier instant, j’ai droit à une seconde chance. Je plais, ainsi auréolé de ma couronne d’azur. Il reste de nombreuses couleurs à explorer, et bien des merveilles plumeuses qui méritent leur portrait… Je serai donc une collection, c’est décidé !
Jour 3 - L'oiseau de feu.
Des contrées de France, je m’en vais aux Amériques, découvrir le rouge flamboyant du Cardinal au Canada. Lorsque la neige y recouvre le décors, ce petit plumeau anime de sa robe écarlate et de sa crête iroquoise la blancheur engourdie des paysages.
Je m’étoffe, prend de l’assurance. Le trait se précise et à travers moi, ma mère pose le pied dans un univers qui la happe : l’art animalier. Elle y avait déjà goûté mais par la couleur et l’attention qu’elle me porte, elle y découvre un nouvel intérêt. J’ai fait cela pour elle, j’en suis content.
Les idées s’accumulent, elle veut me voir arborant toutes les couleurs de ses quelques crayons. Elle veut du jaune, du vert, du turquoise, du rose, du violet… Que de mes multiples visages emplumés, un arc en ciel s’invite dans sa création.
Jour 4 - Les oiseaux.
Oh ! Comble ! Me voilà deux !
Quel plaisir d’être ainsi représenté, un couple inséparable, qui promet la vie, la chance, l’avenir. Je suis jaune, roux et bleu, je suis Guêpiers d’Europe, merveilles rares que ma mère espère un jour rencontrer.
Ça y est. Nous y sommes. La graine est plantée, elle germera bientôt.
Noël approche en cette fin d’année, et j’accompagne ma mère en ma première exposition. Ce n’est qu’un petit marché, voilà de quoi découvrir le monde et frotter mes plumes aux regards extérieurs.
J’intéresse, je questionne, je plais. Les enfants aiment mes couleurs, les adultes demandent comment je suis fait.
Jour 5 - Les oiseaux du Soleil.
Morceau de bravoure, des heures sont nécessaires à m’offrir cet atour. Sur une branche ensommeillées, sept Conures Soleil se tiennent chaud. L’hiver arrive…
Je suis fière de mon nouveau portrait. Maintenant, je suis cinq, cela fait de moi une collection, une vraie. Comme mes modèles, je suis d’un peu partout, je gagne donc mon nom.
Je serai désormais la collection de dessins des Oiseaux du Monde.
Jour 6 - Les oiseaux d'une fin d'année.
Je m’envole. D’une douce frénésie joyeusement créative, ma mère me donne deux visages de plus, pour finir cette année.
Pour la première fois, je vole ! Suspendu au temps, devant une fleur touffue, je suis Ariane Aimable, petit colibri d’Amazonie aux reflets de paradis.
Et je nage. Caneton de Colvert, habitué des bassins arborés des parcs publics, autant que les lacs et des rivières de nos contrées, je joue avec l’eau, tel l’enfant sous les traits duquel je suis ici représenté.
Jour 7 - Les oiseaux du monde entier.
Une nouvelle année commence et je suis étoffée. Encore… Je deviens Pic Vert, photographié dans le jardin d’à côté, puis Quetzal Resplendissant, splendeur des forêts primaires du Guatemala. Je poursuis l’exploration de l’Amérique du Sud, je m’y découvre Coq de Roche Orange, puis Calliste à Tête Bleue et Motmot à Sourcils Bleus. Ces noms m’amusent mais leur recherche est fastidieuse. En effet, la variété est sans pareille, et offre à ma mère de nouvelles inspirations pour les dessins des oiseaux du monde.
Elle se voit déjà me donner cent visages, ils seraient tous différents tant la ressource de modèles semble inépuisable. Pourtant, elle s’alarme en découvrant au détours de ses recherches les indications des menaces réelles qui planent au dessus de ces fragiles merveilles.
Jour 8 - L'oiseau de l'amour.
Le voilà, le portrait qui a tout changé. Le Guitguit Émeraude.
En découvrant et en dessinant ce plumeau à la couleur ravissante, ma mère est devenue amoureuse des oiseaux. La graine a germé et donné une jolie plante.
Je gagne ici l’un de mes plus beaux visages à ses yeux et j’ancre définitivement en elle le goût du dessin animalier. Et son coeur balance… Quel bonheur ce serait de découvrir de ses propres yeux les merveilles qu’elle dévore en photo, mais serait-ce honnête ?
Ne faut-il pas laisser à quelques photographes le soin de rapporter ces clichés splendides, et aux sujets de ces oeuvres le bonheur de vivre en paix ?
Jour 9 - Ça devient sérieux...
Jusque là, j’étais dessiné sur un joli papier gris qui faisait ressortir mes couleurs étonnantes. Cependant, ces couleurs, elles, étaient faites des moyens du bords, d’une accumulation de toutes sortes de crayons réunis avec les années et dont on tentait de sortir le meilleur. Mais voilà, j’ai maintenant treize visages et je sais que je vais grandir encore. Ma mère veut s’offrir le plaisir d’un matériel de qualité pour me donner plus d’envergure.
Elle se fait ce cadeau onéreux. Cent vingt crayons de couleur professionnels, qu’elle inaugure par le portrait du Toucan à Carène, qui tient toute sa beauté dans son bec. C’est un premier test, elle se promet de s’améliorer encore.
Elle a une envie de rose. Pourquoi pas ?
Jour 10 - Les oiseaux roses.
Le rose, ce n’est pas la couleur la plus commune chez les oiseaux du monde. Lorsqu’on y réfléchit, on pense « flamant rose »… Et ensuite, on sèche. Il y en a pourtant, des plumeaux tout de douceur vêtus.
Tels l’Étourneau Améthyste et sa surprenante livrée violette, et le Rollier à Longs Brins, qui semble tout droit sorti d’une partie de paint-ball ! Il y en a d’autres encore, mais ces deux nouveaux visages m’enchantent déjà.
Jour 11 - D'autres oiseaux.
Tous mes visages la porte de par le monde, et à travers moi, ma mère découvre des boules de plumes dont elle n’aurait pas rêvé l’existence, et en redécouvre d’autres qui volent sous ses yeux chaque jours.
Elle m’offre les traits de la Mésange Bleue, petite frimousse de nos jardins, puis ceux de l’élégante Harfang des Neiges. Ensuite, à la recherche du Paon bleu des jardins publics, elle s’émerveille devant l’Éperonnier Napoléon, fragile petit paon cantonné à une minuscule île de Java. Les ocelles de ses rectrices sont comme des fenêtres ouvertes sur le ciel azur d’Indonésie.
Puis vient le Gypaète Barbu. Un autre grand amour. Le vautour briseur d’os à l’oeil pourpre et perçant, coquet élégant habitué à se faire une couleur en trempant ses plumes blanches dans la boue de sources ferrugineuses.
Enfin, et c’est ainsi que s’achève la première étape de ma création, je prends les traits du Martin Chasseur Gurial, un géant d’Asie du Sud-Est, au bec démesuré et à l’allure martiale. Les dessins des Oiseaux du Monde se reposent de leur rencontre, et apprennent à se connaître et s’entendre, pour pouvoir, ensuite, s’envoler tous ensembles.
Jour 12 - Première exposition.
Le temps passe et j’attend mon heure. Ma mère me présente à des artistes, des éditeurs, des professionnels et des particuliers. Elle ne cherche pas à me vendre, je deviens plutôt une sorte de carte de visite, une galerie. Les dessins des Oiseaux du Monde, c’est sa collection. Sa première vraie collection.
J’attire l’attention de la mairie et de l’office du tourisme de la ville de Tarbes. On organise ma première exposition. Je suis tout excité à l’idée de découvrir le public. Je vais quitter le nid, rester toute seule sous le regard d’inconnus. Accompagnée de petits panneaux informatifs sur mes nobles modèles, je serai l’occasion pour mon public d’en apprendre un peu plus sur eux, ce qui ne pourra que les aider ! On va m’observer, on va me juger, m’apprécier peut-être. J’en suis ravie !
Lors de cette exposition, je touche particulièrement quelques personnes qui décident d’emporter un peu de moi. L’Ariane, le Rouge-gorge, la Mésange, le Guitguit, les Conures et l’Étourneau s’en vont voler sous d’autres cieux.
Jour 13 - De nouveaux oiseaux.
Un peu déplumée suite à l’exposition, j’ai besoin de nouveaux portraits. Ma mère retrouve ses crayons et m’offre trois nouveaux visages.
Elle découvre avec ravissement l’existence du Toucan Montagnard et le représente tout occupé à sa toilette. Par amour pour la diversité surprenante des martins pécheurs, elle me comble de la bouille ronde du Martin Pécheur Nain Oriental qui, tel un Peter pan à plumes, ressemble à un oisillon poupon qui refuserait de grandir. Finalement, dans une escale sur Madinina, l’île aux fleurs, elle me donne mes derniers atours en date, ceux de deux Oiseaux de Paradis qui se partagent la terre et le ciel.
Jour 14 - Envol.
Pour me présenter encore, ma mère s’inscrit à un événement culturel : Festiv’art, à Nay, au pied des Pyrénées. C’est l’artiste peintre Mat qui l’y incite, appréciant mes couleurs, la précision de mes plumages, la variété de mes caractères.
Le Martin Pécheur Nain Oriental y est présenté comme mon emblème. Lors de cette exposition, ma mère rencontre Luc Lorca, le directeur du Zoo d’Asson, une structure familiale et magnifique qui accueille des défenseurs des animaux passionnés. Il craque sur le Toucan montagnard, et emporte un peu de moi avec lui.
Le Martin Pécheur poupon remporte le concours. À la clef, deux nouvelles expositions, l’une chez un encadreur pallois, l’autre dans les locaux de France Bleue Bearn. Joel Bitoun, le directeur, garde en sa compagnie le Quetzal Resplendissant, ma plume guatémaltèque.
Moi, collection des dessins des Oiseaux du Monde, je m’envole, je fais escale, je migre encore…
Découvrez l’oeuvre à l’encre de chine de l’artiste Mat, juste ici !
Pour voir ma participation au Festiv’Art de Nay, c’est là !
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